En préambule, nous tenons à réaffirmer que la CFE-CGC Métiers de l’Emploi ne remet pas en cause la loi plein-emploi votée par le parlement. Dès lors qu’elle s’impose à notre institution depuis sa promulgation, il ne s’agit pas, malgré notre perplexité sur certains points, de contester urbi et orbi un texte législatif.
En revanche, le projet d’évolution du processus d’inscription au contrat d’engagement, tel qu’il nous fut présenté lors des différents CSEC, ne cesse de nous interroger.
En effet, en tant que syndicat dont la priorité est de défendre le personnel, nous devons nous assurer de la faisabilité des projets présentés, et nous devons nous attacher à vérifier que tous les moyens humains, matériels, logistiques et d’accompagnement sont mis à disposition des agents de notre établissement.
Pragmatiques, nous devons aussi nous assurer que les délais de mise en œuvre sont tenables en ayant comme objectif premier ne pas dégrader les conditions de travail des agents, tout en offrant un service de qualité à nos usagers.
Le projet « Evolution du processus d’inscription au contrat d’engagement », n’est pas une simple évolution, c’est une révolution qui va se mettre en place de manière massive et brutale. Alors, il ne faudrait pas que la révolution se transforme en révolte !
Nous sommes conscients que la direction générale a laissé, et nous la remercions, plus de temps aux discussions, notamment en CSEC, sur ce dossier. Cependant ces échanges n’ont pas permis de lever nos inquiétudes et les inconnues encore trop nombreuses.
- Tout d’abord, à l’heure actuelle, de trop nombreux décrets qui impactent la mise en œuvre ne sont toujours pas pris (par exemple « création des nouvelles catégories, la question des règles du maintien et suspension du RSA dévolue aux CD et bien d’autres…). De ce fait, trop de questions restent sans réponses en termes d’organisation, de charge de travail, de risques pour nos collègues au contact des usagers. L’inquiétude des agents devient prégnante en raison de ces aléas législatifs.
- Un autre point essentiel doit être soulevé. Dès l’origine, nous n’avons eu de cesse de le rappeler, le système d’information est un élément central de notre institution dans la réalisation de ses missions. Dans le cadre de ce projet, nous ne pouvons qu’exprimer de grandes inquiétudes quant au déploiement et à la performance du système d’information, système qui reste, selon nous, insuffisamment détaillé et potentiellement inadapté aux réalités du terrain. Aucun élément des débats n’a permis de nous rassurer sur ce point.
- La question des relations partenaires ne peut, elle aussi être mise de côté. La frilosité, voire l’animosité, de certains de nos partenaires ne peuvent être ignorées. Lors des différentes séances de CSEC, nous avons alerté la Direction générale sur le fait que les équipes de France Travail craignaient que l’ensemble des tâches inhérentes au processus d’inscription, d’orientation, de diagnostic et de contrat d’engagement ne reposent, en grande partie, voire parfois en totalité sur leurs seules épaules. Une fois de plus, aucun élément dans tous ces échanges n’a réussi à nous rassurer.
- D’autre part, l’anticipation et l’accompagnement indispensable pour une telle révolution ne semblent pas au rendez-vous. Les dispositifs de développement de compétences e-learning, micro Learning, Visio, échanges de pratiques… ne sauraient mettre à même niveau, en si peu de temps, des opérateurs aux domaines d’expertise différents. Sur un dossier de 116 pages, l’accompagnement ne représente qu’une seule page alors que c’est un élément fondamental de la mise en œuvre de ce changement sous peine de mettre en difficultés les collectifs. Sur ce point encore les échanges n’ont pas réussi à nous rassurer.
- Le point le plus inquiétant pour notre organisation syndicale est de constater que les moyens humains ne seront pas au rendez-vous voire seront diminués ! Il faut faire plus avec autant voire moins d’agents (-500 ETP dans le projet de budget) ! Comment dans ces circonstances être en capacité de recevoir et d’accompagner correctement tous ces nouveaux inscrits ? La réponse qui consisterait à dire que les partenaires prendront leur part est de moins en moins crédible eu égard aux coups de rabots qu’ils vont également subir.
- Enfin, une fois encore, le management intermédiaire se trouvera coincé entre le marteau et l’enclume ! En l’espèce, il s’agira de présenter, d’accompagner, de planifier… avec moins d’effectifs et donc de faire l’impossible pour mener à bon port un bateau ivre ! Au regard du contexte socio-économique, il ne s’agit pourtant plus de descendre des fleuves impassibles mais de subir les clapotements furieux des marées.
Comme vous le savez, nous sommes à la CFE-CGC Métiers de l’Emploi, soucieux de tous les équipages de France Travail. Or, c’est un comble ou une cerise sur le gâteau, lorsqu’on examine le rendu de l’analyse QVT, plus de la moitié des items questionnés (56,6%) sont dans le rouge et demandent une action à finaliser avant la mise en œuvre du projet final. Le temps presse !
Pour la CFE-CGC Métiers de l’Emploi, la question qui se pose n’est pas d’être in abstracto en faveur ou non de ce projet.
En l’espèce, il n’est pas question de souscrire à l’expression de Che Guevara, « soyons réalistes, exigeons l’impossible » !
Au regard des échanges et des réponses apportées, en prenant en compte des éléments recueillis en interne et en externe, peut-on croire qu’une mise en œuvre au 1er janvier dans de bonnes conditions est réaliste sans dégradation des conditions de travail de nos collègues ?
Cela nous semble impossible, utopique et irréaliste!
C’est pourquoi, au regard des perspectives et des conditions de mise en œuvre de ce projet, avec un calendrier optimiste et des délais chimériques, la CFE-CGC Métiers de l’Emploi ne saurait accorder un blanc-seing en votant favorablement !
Nous n’obérerons pas l’avenir de notre institution. C’est pour cela que nous votons … NON